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 Des vents changeants

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Adelbert/Mist

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MessageSujet: Des vents changeants   Des vents changeants Icon_minitimeMer 19 Oct 2011, 12:24

[Avant-Propos hors-Rp]
Coucou à tous,
Voilà, ne pouvant revenir pour un temps indéfini en jeu (En déplacement fréquent avec pour seul lien avec internet des réseaux wifi gratuit...), je tenais à écrire une sorte "d'explication Rp" à l'absence de Mist. Ce ne sont pas ses Adieux, mais plutôt une sorte d'ouverture que j'ai essayé de rédiger au mieux en accord avec les derniers événements vécu par mes personnages. Bref, j'arrête de tergiverser et laisse place au texte lui-même.
A très bientôt.
[/Avant-Propos hors-Rp]


Dernière édition par Adelbert/Mist le Mer 19 Oct 2011, 13:16, édité 1 fois
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Adelbert/Mist

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MessageSujet: Re: Des vents changeants   Des vents changeants Icon_minitimeMer 19 Oct 2011, 13:13

« Je vis, je brûle de l'ardeur de vivre, j'aime, je tue et je suis satisfait. »
(Le Roi Conan)



Lynalee


Dans l’alcôve la plus reculée de la taverne de la Carpe Pourpre, la Fille d'Héka s'était nonchalamment attablée, ses yeux noirs fixant comme hypnotisés la flamme vacillante d'une bougie à demi consumée. Face à elle, reposé un broc en terre cuite d'où émané les vapeurs enivrante d'un thé à l’écorce de saule rouge, son préféré parmi tous. Elle chantonnait un air qu'elle avait jadis connue. Une mélodie enfantine qu'elle aimait par dessus tout. Mais aujourd'hui, elle ne riait pas. Lynalee, digne fille de son Père de part son excentricité, son extravagance, était là murée dans un morne silence. Sombre allait être la période qui s'instaurait inexorablement. Elle l'avait vu en rêve, quand elle partit méditer au cœur d'une tempête de sable dans le désert de Stygia.
- Ô Héka, chuchota-t-elle à demi-mot, quel avenir pour la jeune Lémurienne ont préparés les Dieux ? Je ne suis qu’Émissaire. Seulement un porteuse des Vent de l'Ouest. Ai-je un nouveau rôle à jouer ?
Seul le silence et les rumeurs de l'activité naissante dans l'autre partie de la taverne lui répondirent. Elle partit d'un rire fou, néanmoins teinté d'une étrange mélancolie.
- Prend ton temps, Ô Père. Rien ne presse. Du temps, j'en ai devant moi. J'attendrais patiemment, comme je l'ai toujours fait.
Ce qui aurait surpris n'importe qui en de pareil lieux ne fit que sourire Lynalee. Une brise se leva, juste là, face à elle. Une brise légère qui dans son étreinte souffla la flamme de la bougie qu'elle n'avait quittée des yeux. Alors, sans un mot, elle se leva et partit.
La brise venait de l'Ouest.




Adelbert


Sortant de la bibliothèque du Village du Nord encore à demi ensommeillé, le vieillard se surprit de trouver agréable la douce chaleur et l'air moite qui régnaient dans les marais du Lotus Pourpre. Longtemps il contempla le ciel clair qui s'étendait par dessus les hauts remparts qui s'élevaient face à lui. Après un ultime étirement de ses membres endoloris, il ajusta le capuchon de sa robe dont les brodures autrefois d'or et de feu n'étaient plus que de sombres filaments s'étendant ça et là sur le mauve terne de celle-ci tels les racines d'un arbre millénaire. D'un pas nonchalant, il arpenta le village. Les recherches qu'il menait ainsi cloitré dans l'enceinte de la bibliothèque, cerné de vieux ouvrage et d'antiques parchemins, avançaient inexorablement. Bientôt, songea-t-il, Bientôt il me faudra envoyer un messager à la rencontre des Dames Thesis et Jahynzar. Plusieurs semaines, lui semblait-il, s'étaient écoulées depuis la dernière fois où il put s'entretenir avec elles, et, puisque vivant en autarcie, il ne pouvait savoir où en été leur affaire.
Tout comme lui, le village semblait sortir de la torpeur d'un sommeil trop long. Chacun commençaient à s’affairer doucement autour de lui. Il vit gardes patrouiller le long des remparts, marchants ouvrirent leurs échoppes, enfants courir et jouer le long des chemins,... L'ombre d'un sourire vient adoucir les traits fatigués de son visage derrière sa longue barbe grisonnante. Ici tout semblait si calme, si serein. Loin des guerres, de la barbarie et de toutes les folies qui sévissaient d'Hyborie jusqu'aux plaines de Khitaï. Mais le vieil Adelbert n'était pas dupe, il savait tous ceci illusion. Ce village restait celui de la Main Noire, confrérie dont il était l'une des Lames depuis bien longtemps maintenant, et il ne savait que trop bien quel mal rampait lentement dans leurs rangs. Il l'avait déjà vu à l’œuvre trop de fois. Il connaissait chaque âmes torturées qui vivaient ou ont vécues entre ces murs. Il se souvenait de chaque visage de ceux qu'ils avaient croisés, et honorait toujours par une silencieuse prière la mémoire de ceux qu'il avait enterré ou qu'il n'avait jamais revu. Ses yeux dont l'ancien éclat d'or semblait aujourd'hui bien terne, se teintèrent d'un voile de tristesse.
Il marcha encore un moment, avec lenteur, jusqu'à relever les yeux sur un petit baraquement qu'il ne connaissait que trop bien. Le seul qui fut loin de l'agitation et des rumeurs de la vie. Les quartiers de sa jeune nièce, qu'elle avait souhaitée elle-même si loin des autres habitats. Un endroit que fréquentait peu celle à qui nombre de sobriquet ont été donné, dont aucun ne fussent réellement noble. Des titres souvent disgracieux que lui ont accordés autant ennemis que frères d'armes. Aujourd'hui, on la disait "folle". Nombre de fois, Adelbert entendit ce simple mot prononcé à son encontre et ce qui le déroutait le plus était que Mist n'avait jamais tenter de démontrer le contraire. Au contraire, elle avait comme le désir de se laisser passer pour telle. Depuis longtemps maintenant elle n'avait plus prit les armes pour combattre pour l'Arallu, auquel elle avait pourtant prêtée allégeance. Mais elle ne se confiait pas, jamais. Il la savait torturée, mais n'avait jamais su trouver les bons mots a lui murmurer. Amputée de sa jeunesse, de son insouciance d'enfant... De sa vie même, comment pouvait-elle ne pas se murer dans le plus profond des silences ? Comment pouvait-elle ne pas montrer au monde ce masque de cynisme et de cruauté qu'elle s'était taillée dans la plus froide des glaces de sa terre natale ? Pourtant, aussi déroutant qu'il lui sembla ce jour, elle vint récemment le trouver après son dernier retour d'un de ses fréquent exil.


' - J'en ai assez, mon oncle.
Mist se tenait là, debout sur l'un des pic rocheux qui surplombe le Village du Nord. Elle embrassait les ténèbres d'une nuit de pleine lune de ses yeux gris, les traits figés dans une inexpression glaciale.
- Ça n'en finira jamais. Il n'y a pas d'issue possible. Nous le savons tous au plus profond de notre être. Tout sera balayé par une nouvelle Danse et un Chant dans l'obscurité. Seul la Mort sera au rendez-vous pour cet effroyable bain de sang... Rien ni personne ne pourra s'opposer à cela.
Un long moment déjà s'était écoulé depuis qu'elle était venue le trouver et qu'il l'écoutait lui clamer sa peine et ses peurs. Mais il ne savait trop que dire. Elle souffrait, mais à ce mal ci, il ne connaissait nul remède. Le vieil Adelbert savait qu'aucun mot ne l’apaiserait. Pourtant, il essaya. Il lui rappela la quête des Codex, la découverte de cette mystérieuse énigme, clef qui devrait mettre un terme à toutes ces douleurs que tous subissaient à leur façon et libérait enfin Dame Jahynzar de l'Ombre et de ses tourments. Mais Mist balaya ses arguments.
- Vous ignorez certaines choses mon oncle. Tout comme Jahynzar et Thesis. Vous êtes tous dans l'ignorance ! Elle ne vous laissera pas faire. Elle est là pour que l'Ombre engloutisse Jahynzar à jamais. Elle est un mal bien plus grand que ce à quoi vous pouvez vus attendre. Je l'ai vu à l’œuvre ! Mais tous préférez m’appeler 'folle' que d'y accorder quelconque crédit. Même Sir Vaknar l'a senti comme moi.
- De qui parles-tu à la fin ?
Adelbert la vit hésiter, puis serrer dents et poings avec colère et tristesse avant qu'elle ne tranche.
- Je ne peux pas vous confier cela sans causer la souffrance ou la mort de celui ou celle qu'Elle choisira.
Il resta bouche bée face à tels mots et il l'entendit murmurer :
- Père me manque. Les gens de mon village me manquent. Nos frères et soeurs de la Nuit disparus me manquent...
Elle lui tournait le dos mais il lui sembla voir le léger éclat d'une larme rouler furtivement le long de sa joue. Il voulut la réconforter, faire les deux pas qui le séparé de sa jeune nièce et l'enlacer comme un père l'aurait fait, comme son frère aurait du être là pour le faire. Qu'enfin elle laisse exploser son chagrin dans les bras de quelqu'un. Mais le vieil Adelbert savait que ce n'était plus sa 'jeune' nièce. Elle avait beau avoir les traits et le corps de cette gamine effrontée qu'il avait connu, recueillit et faite accepter parmi la Main Noire, elle n'était plus celle-ci. Son corps figé à jamais ne faisait pas moins d'elle le reflet ternis d'une femme torturée et à jamais maudite. Alors il resta là, immobile, et murmura un "Je sais" qui se perdit dans la froideur de la nuit. Et la brise se leva...'


Pas à pas, il se rapprocha du petit baraquement jusqu'à se tenir face à la porte d'If qui en marquée l'entrée. Il y frappa doucement et attendit une réponse. Mais seul le silence lui fit écho.
- Mist ?
Il frappa à nouveau, plus fermement que la première fois. Il l'appela de nouveau, plus inquiet que la première fois. Rien. Un mauvais présentiment s'empara du vieil homme alors qu'il poussa la porte. Le chaos régnait de part et d'autre de l'unique pièce servant de quartiers à la jeune fille. Les ouvrages qui siégeaient il y a encore peu sur de sobre étagères jonchaient maintenant le sol, des pages déchirées s'étalant ça et là. Le modeste mobilier était renversé ou bousculé. Dans un angle gisait les vestige du miroir de pied de sa nièce, brisé en morceaux. Adelbert jeta un œil aux présentoirs et, sans surprises, découvrit un pathétique mannequin mis à nu. L'armure aux écailles sombres n'y reposait plus. De même pour épée, dague et bouclier. Il n'y avait plus rien. Plus rien de se qui trônait ici auparavant, mais quelques chose y était à leur place. Quelque chose qui n'y avait jamais été : un lettre délicatement pliée. Il l'ouvrit sans hésitation, sachant au fond lui qu'elle lui était adressée. Ses yeux la parcoururent avant qu'il ne la replie et la glisse à l’intérieur de sa robe. C'est impassible qu'il sortit, prenant soin de refermer la porte derrière lui.
Il marcha sans hâte aucune jusqu'aux portes du donjon où deux gardes mirent fin à leur passionnante apologie des catins des bas-quartiers de la Cité Blanche d'Aquilonie pour le saluer. Tout deux connaissaient le vieil homme - Comment ne pas connaitre l'un de leurs maîtres ? - mais ils ne masquèrent pas leur surprise de le voir si loin de son lieux de culte et demeure que fut la bibliothèque poussiéreuse du village.
- Maître Érudit, bredouilla le premier tout en accompagnant son comparse dans le salut qu'il incombé de donner en présence d'un Main Noire.
Les lèvres d'Adelbert s'étirèrent en un sourire qu'il ne fut pas difficile de noter malgré sa barbe touffue.
- Allons, allons, se contenta-t-il de répondre, nul besoin de toucher du front les sentiers du village pour saluer le vieillard que je suis.
Murés dans le silence, les deux gardes attendirent non sans inquiétude que l’Érudit leur confia les raisons de sa présence devant eux. Ce dernier ne les fit pas attendre d'avantage.
- Dites moi mes braves, quelqu'un se serait-il récemment présenter ici devant vous avec pour seule demande d'enter dans les quartier de ce bougre de Général ?
- Nullement messir, répondit le prmeier garde. Personne n'est venu ici mis à par vous depuis notre tour de garde.
- Et ceux qui gardaient l'entrée avant que nous ne prenions la relève ne nous ont pas avertit d'une telle chose, compléta le second. De plus, nul autre que le Général lui-même n'a autorisation de pénétrer en ses quartiers. Ce sont tout du moins les ordres qui furent donnés.
- Hum.. Très bien. Vous accomplissez votre tache de la meilleure des manière, j'en conviens, repris Adelbert. Néanmoins, je me vois devoir vous demander aujourd'hui de transgresser l'ordre que l'on vous a donné en m'ouvrant me laissant entrer dans les quartiers de mon vieil ami.
- Mais... Messir...
- Voyez en cela un nouvel ordre donné. N'ayez craintes, Dame Jahynzar, nouvelle maitresse de ces lieux, excusera autant à vous qu'à moi cette requête que je vous fais aujourd'hui. Vous avez ma parole. Maintenant, ouvrez je vous pris.
Sans plus discuter, les gardes cédèrent le passage à Adelbert. Il connaissait bien les lieux, y ayant plus que souvent retrouver son vieil amis Kairo quand ce dernier occupé encore les lieux. C'est pour cela qu'une fois dans les appartements de son ancien ami et supérieur, il n'hésita pas à déplacer un des vieux tapis qui trônait au sol, dévoilant l'entrée d'une trappe. Il descendit l'échelle et arriva en une salle souterraine qu'il avait connue jadis. Un endroit où nombre de secrets et de trophées décorés chaque angle. Connaissant chaque recoin des lieux de mémoire, Adelbert se rendit jusqu'au fond de la salle avec, là où se tenait - il le savait - un anciens piédestal. Une fois au lieux dit, dans un murmure, il déclama un versé dans une langue inconnue et ancienne, puis souffla doucement vers le mur. Les deux torches qui s'y trouvées s'embrasèrent dans l'instant, révélant de fait que ça plus grande crainte était fondée. Sur le socle de pierre, seul le vide siégeait dorénavant. Alors, les mots qu'il avait lu sur la lettre laissée par Mist résonnèrent dans son esprit avec bien plus de gravité :

« Mon Oncle,
Je sais que c'est vous et nul autre qui découvrirait et lirait les mots qui suivent. Même si au plus profond de moi je sais que vous me tiendrez rigueur de ce que je m’apprête à faire, je garde espoir que vous comprendrez les raisons qui m'ont poussées à cela et qu'ainsi, votre colère en sera atténuée. Depuis que je suis devenue ce que je suis aujourd'hui, je n'ai fait que semer le malheur sur mon chemin. Je n'ai pas su protéger ceux qui m'étaient chers, et n'ai pas réussit à tenir les engagements que j'avais promis de suivre envers eux. Je suis un poids. Un frein majeur à toute cette situation. Je ne suis et ne serais jamais d'aucune aide pour sauver ma Dame Jahynzar ou aucuns de vous autres, ma famille, mes amis. Sans moi dans votre sillage, il n'y aura plus de Résonance possible. Et même si ça ne fera pas taire l'Ombre, ça ne réveillera pas si fréquemment sa sombre colère. Je l'ai toujours répétée et clamée : tant que nous serons toute deux en vie, le risque demeurera dès plus grand.
Toutes deux sommes condamnées à l’Éternité. Toutes deux sommes liées à jamais. Mais quel sombre lien est-ce là. Il n'est pas celui que j'avais espérée. Il y a bien longtemps que j'aurais due mourir, ou restée morte. Cette sombre nuit que jamais nous n'oublierons, je n'aurais pas due avoir peur de mourir, car ce que je vis aujourd'hui est bien pire que la mort.
Tout devait s’arrêter avec la disparition d'Honi, ce second père que je n'ai jamais souhaitée avoir, et tout a finalement repris son cours par la faute de cette maudite engeance que je suis devenue.
Ainsi, j'ai décidée de prendre la seule décision qu'il m'incombe de prendre : partir. Je m'en vais loin au Nord prendre mon maudit héritage. Là où rien ne commence, ni ne finit. Je pars siéger sur ce trône de givre et d'ossement qu'il m'a toujours destinée. Et j'emporte avec moi le dernier vestige du monstre qu'il fut.
Je ne mourais pas car je ne le puis, mais, jusqu'au jour où il le faudra, je demeurerais là-bas.
Dites seulement à Jahynzar, Thesis et aux autres que je suis désolée.
Et dites à Jahynzar : Unnskyld »

Après avoir atteint les flammes qu'il avait lui même allumées, le vieil Adelbert sortit de l'obscur souterrain. Sur le piédestal, il s'en souvenait, un objet de tourments avait longtemps reposé. Un objet dont Il en connaissait par cœur les moindre détails, les moindres ciselures : le Masque du Maudit.




Heleana


Un soleil resplendissant diffusait la douce chaleur de ses rayons sur les hautes tours blanches de la vieille Tarantia. Ce temps radieux fit esquisser un sourire à la jeune prêtresse alors qu'elle longeait les échoppes disséminées le long de l'avenue qui bordait le grand temple de Mitra. Elle céda au plaisir coupable d'acheter un fruit à l'un d'eux, se délestant de quelques pièce de cuivre, et en savoura la délicate saveur sucrée en continuant son chemin. Ses longs cheveux d'or qui retombaient avec grâce jusqu'au bas de son dos et son visage aux traits angéliques tranchaient avec la robe gris-bleue qu'il incombait de porter quand on venait à prononcer ses vœux envers le clergé de Mitra. Heleana semblait avoir été destinée à bien d'autres activités que prières, pieuses lectures et sermons à la gloire du Dieu que l'on vénérait ici, en Aquilonie, mais elle l'avait choisie plutôt qu'une autre et jamais ne l'avait regrettée. De ce statut de prêtresse, elle pouvait accomplir la tache qui lui tenait le plus à cœur : aider les plus désœuvrés. Elle n'appréciait que peu certaines pratiques du saint Ordre, mais gardait bon espoir de voir un jour les choses évoluées. Peut-être un jour prendrait-elle elle-même la parole pour clamer ses idées et ses craintes ? Pas aujourd'hui, c'était certain.
Au détours d'une ruelle qui ne pouvait jouir de la pleine lumière du soleil, elle crut reconnaitre dans un froncement de sourcil un silhouette familière. Prise d'un sentiment de soudaine inquiétude, elle s'y aventura d'un pas incertain. Là, adossée contre l'un des murs, ce tenait une femme du Désert qu'elle ne connaissait que trop bien dans ses vêtements en lambeaux. Derrière le noir de jais de ses cheveux, elle la gratifia d'un sourire amical.
- Ô douce amie ! Quel plaisir de te revoir. Il me semble qu'une éternité c'est écoulé depuis nos derniers mots échangés.
Heleana sentit une angoisse légère mais bien présente germer au plus profond de son être. Elle était certes heureuse de revoir le visage au teint mât de sa vieille amie, mais sa présence dans la Cité Blanche n'en demeurait qu'un mauvais présage.
- Un plaisir de loin partagé, chère Lynalee.
- Ha ! L'habit de prière te sied à ravir. Bien que, je te l'avoue, je te préférais vêtue d'un pourpoint de cuir, arme au poing.
- Une époque lointaine et révolue que tu me décris là, même si j'y repense parfois. Qu'est-ce qui amène la Fille d'Héka que tu es en ces lieux que tu déteste ?
- N'ai crainte, je ne suis pas venue saccager ton pieux sanctuaire. J'aurais préféré simple courtoisie pour ma vieille amie, crois-moi bien, amis il en est autrement. C'est un autre vent qui m'a portée jusqu'à toi.
- Un vent d'Ouest ?
- J'en ai peur.




Mist


Seul régnait le froid. Un froid mordant qui serait venu à bout de la volonté et de la ténacité de nombre de puissants hommes d'Hyborie. De Cimmerien même. Mais elle, savait apprécier la douceur de l'air glacial sur sa peau pâle. Elle ne pouvait en ressentir les mêmes effets qu'à d'autres, qu'à des Hommes de chair et de sang, car elle n'était plus depuis longtemps de ceux-là. Le froid était ses plus beaux habits, la glace, son plus somptueux velours, et, brumes et neiges, son seul royaume. Elle avait perdue toute notion du temps. Si on lui avait dit qu'elle demeurée là, immobile, depuis cent ans, elle n'en aurait pas été étonnée. Ça n'avait plus d'importance à ses yeux. Rien n'avait plus d'importance. Ici, elle résiderait à jamais s'il le fallait : loin de ceux qui un jour eurent comptés pour elle, loin des villages et des villes, loin des luttes pour un pouvoir illusoire... Loin de la vie elle même. Ici, elle ne ferait de mal à quiconque. Seule au milieu de ce désert de pierre et de givre, nul ne souffrirait par sa faute. Et cette vision lui était d'une agréable douceur. Depuis qu'elle avait rejoins ce lieux maudit, elle se savait chez elle. Il était le royaume décrépit et mort qui lui revenait depuis longtemps, Il lui avait dit. Ce n'était pas la meilleure des vies qu'elle aurait pue choisir de mener, mais elle était la plus juste. Tel était ce que pensait la jeune Mist, assise sur son trône de pierre et d'acier, rongé par la glace. Elle connaissait ce lieux, elle l'avait déjà vu une fois dans un rêve fiévreux alors qu'Il était encore proche d'elle. Elle soupçonnait même que ce soit lui qui ai choisit de le lui montrer en songe. Ça ne l'étonnerait pas. Pas d'Honi. Pas du Maudit. Pas de ce second Père. Elle savait qu'il avait longtemps demeuré en ces lieux, scellé par les prêtres du Clergé de Mitra en des temps immémoriaux, condamné à gouverner le néant morne d'une tombe de givre pour l'éternité. Et aujourd'hui, c'était son tour. Cet héritage, aussi maudit que son ancien propriétaire, était désormais sienne.
Une fine couche de glace se formait déjà sur les sombre écailles de son armure et son haleine, plus gelée que jamais, s'élevait dans l'air dans un rythme sans vie. Face au trône et à son occupante, Rødsne, la plus fidèle compagne de Mist, était fichée dans neige et pierre, sa garde s'élevant vers un ciel que d'ici l'on ne pouvait apercevoir. Une épée d'argent forgée par des mains expertes dont la lame semblait ne jamais s'être émousser et ne jamais le pouvoir. Nombre de bataille, nombre de duel, avait vu son tranchant s'abattre sur ceux qui osèrent entraver la route de sa maitresse. Elle connaissait plus que bien le goût du sang, sa saveur amer et son gout métallique, et l'appréciait autant que Mist. Jamais cette épée ne la quitta, jamais elle ne lui fit défaut. En chaque recoin du monde qu'il eut été donné de voir à la jeune Cimmérienne, elle ne l'avait quittée. Rødsne était plus qu'une simple épée : elle était une partie d'elle. Un fragment de son être qui ne pouvait être dissocié de celle qu'elle était. Longtemps, Mist contempla sa lame et, au-delà de l'ornement d'argent, y voyait son reflet. Elle vit se froncer les sourcils de ce visage, ni d'enfant, ni de femme, alors que deux yeux gris se fixaient dans les siens. Une chevelure mi-longue, ondulant ça et là, semblant faite de soie sombre retombait sur ces épaules trop minces. Elle s'attrista de ne pouvoir masquer, grâce à elle, les antiques symboles qui coulés de son front à la base de sa joue droite. Ces marques qui s'étendaient inexorablement de part et d'autre de son corps, macabres tatouages d'Ombre qui consumaient ses chairs, traces laissées par sa lutte continuelle contre son propre sang, contre sa propre malédiction.
- Tu devrais être morte, s'entendit-elle murmurer.
Et, alors que seul la rumeur des vents lui répondirent, elle plongea de nouveau dans d'obscure souvenir qui hantés sa mémoire brisée. Elle se revoyait courir à en perdre haleine, épée à la main, à travers les terres de la sorcière Zelata, et se retrouver plus seule que jamais face à un adversaire qu'elle n'était pas préparée à combattre. Jahynzar. Son amie. L'une des seules à lui avoir jamais accordée un sourire doux et sincère. Celle qui cette nuit là, lui lacéra les chairs et répandit son sang sur les sentiers des Terres Sauvages. Celle qui, au delà des blessures physiques, lui fit revivre les atrocités de son passé en un horrible songe semblant si réel. Jamais rien ne fut comme jadis. Tout changea cette fameuse nuit, sous le regard du ciel nocturne et de ses étoiles. Elle aurait préférée cent fois mourir que de vivre ce qui a suivit, que d'être celle qu'elle était aujourd'hui. Elle n'avait eu que trop de frères et de sœurs à qui donner sépulture, ou a voir disparaitre sans nul mot d'adieu. La jeune Mist se savait immortelle, et ainsi condamné à voir périr ceux qui lui sont chers alors qu'elle demeurerait là, tel une sculpture de marbre terne, à jamais. A nouveau, elle s'observa un instant dans l'éclat de sa lame. La colère avait cédée sa place à la tristesse.
- Tu aurais mieux fait d'être morte, souffla-t-elle.
Elle s'appuya un peu plus encore contre le dossier de son macabre trône. Elle s'imaginait déjà demeurer en cette même pose telle une statue de l'ancien Achéron pour les siècles à venir. Seule à jamais.
Pourquoi tel chagrin ?
Elle se redressa d'un bond, ses bottes s'enfonçant dans la neige d'un blanc immaculée. Cette voix cristalline ne lui semblait pas inconnue.
Ô Dame Mist, vous semblez si triste...
- Qui ose s'aventurer ici ? Montre-toi face à moi au lieux de te terrer dans les ténèbres peuplent ces lieux !
Un pas tout au plus la séparée de sa lame. Un pas qu'elle voulut franchir d'un mouvement rapide et souple. Mais une étreinte l'en empêcha : deux bras s'étaient noués autour de sa taille. Ce n'est pas qu'ils eurent trop de force pour qu'elle s'en libéra - Si cela avait été la raison, l'assaillant fut mis en déroute dans l'instant -, non, c'était tout autre chose. Cette étreinte, elle ne la connaissait que trop bien.
- Par qu'elle folie t'es-tu donc retrouver ici ?
- Ton départ m'inquiétait.
Le timbre mélodieux de sa voix. La couleur mât de sa peau. La chaleur de son corps. Impossible, ce seul mot résonna en elle. D'un mouvement, elle se retourna face à la jeune femme. Jahynzar se tenait là, un sourire finement esquissé à la commissure des lèvres. Un index parcourut avec délicatesse les maudites marques qui se dessinaient sur son ventre que son armure mettait à nu avec une étrange sensualité. Quelque chose dont elle n'était pas habituée de la part de son amie.
- Comment as-tu su où me trouver ?
- Tu avais laissée une lettre. N'en garderais-tu aucun souvenir, tendre amie ?
Mist eut envie de sourire à ces mots, mais elle n'en avait pas la force. Ce jeu ne l'amusait plus. Alors, d'un mouvement adroit, elle se dégagea suffisamment de l'étreinte de Jahynzar pour que ses doigts s'enroulent autour du pommeau de Rødsne, la libérant de sa prison de givre, avant d'enfoncer la lame, de la pointe jusqu'à la base de la garde, dans la poitrine de sa chère amie. L'une et l'autre se dévisagèrent un instant.
- Je suis peut-être folle, gronda Mist, mais pas au point de ne plus dissocier réalité et illusion.
L'Autre la jaugea d'un air inexpressif avant de ne plus former qu'un nuage de sombre fumée qui s'éleva jusqu'au plafond du tombeau où, finalement, elle s’évanouit. Elle l'observa ainsi disparaitre, à la fois satisfaite d'avoir décelée sans mal la supercherie et triste que son amie n'est pas vraiment été là auprès d'elle.
Elle se retourna et ficha de nouveau son épée dans la pierre, puis reprit la place qui lui incombe sur son trône gelé. Ses yeux parcoururent lentement les lieux. Un calme auquel les morts seuls purent aspiré jusqu'alors s'instaura dans l’immense pièce caverneuse. Mais celui-ci ne dura pas assez longtemps au gout de Mist. Un horrible rire mécanique s'éleva dans l'air, et résonna -non pas contre les parois rocheuses qui tenaient lieux de murs - mais dans l'esprit même de Mist. Cette voix là aussi lui était tristement familière. Alors, sa tête pivota jusqu'à un piédestal de pierre, aussi vieux qu'Achéron et Atlantide, où elle avait déposé le plus hostile ornement qui eut appartenu à son second Père : son Masque. Dérobé au Village du Nord le jour de son départ, elle n'avait encore osée le porter malgré que pas une seconde ne puisse s'écouler sans qu'il l'appelle. Ce dilemme la tourmentait car elle ne pouvait savoir ce qu'il adviendrait si elle osait l'apposer sur son visage. Trop de choses semblaient possibles. Trop de doutes sommeillaient. Ce qui n’empêchait ce rire atroce de venir marteler chaque infimes parties de son esprit à la moindre occasion. Elle délaissa la vision de ce Masque Maudit, et s'accorda un instant de répit, paupières closes. Ce n'était que le début, il ne fallait en aucun cas elle ne flanche, qu'elle ne baisse trop sa garde, sans quoi elle serait dévorée par les démons qui tourmentés son esprit en lambeaux.




Lynalee


L'enfant du Désert conta ses craintes à sa vieille amie, marchant toutes deux dans les jardins de la bibliothèque de la vieille Tarantia. Elle lui parla des rêves qu'elle fit lors de ses méditations par delà les rives du Styx et de l'appel des Vents de l'Ouest. Tout cela n'avait eu pour seul fait que d'attiser l'inquiétude qui avait germait dans le cœur d'Heleana. Le problème de taille, elle le savait maintenant aussi bien que Lynalee. Longtemps, elle discutèrent, cherchant la meilleure manière d'agir. Mais rien ne vint. Car elles ne pouvaient, tant l'une que l'autre, s'impliquer dans les événements qui suivaient leur cours. Tel n'était pas l'Ordre des choses. D'un commun accord, elle décidèrent qu'elles n'avaient d'autre choix que d'attendre. Ce qui allait arriver était certes inexorable, mais rien n'indiquait que le dénouement n'approcha. La roue tournait toujours, laissant pour l'instant l'issue incertaine. Trop peu de choix encore furent pris. Rien n'était joué.
- Quand dois-tu repartir ? demanda la sœur de Mitra.
- Je ne saurais te le dire. Les Vents m'ont conduite en ces lieux et n'ont pas soufflés de nouveau. Je pense rester quelques temps entre les murs de la Cité Blanche.
- Soit. Alors, nous nous reverrons très bientôt.
- Je n'en doutais pas, chère amie.
La jeune prêtresse, après une étreinte échangée, prit le chemin de son temple ; Lynalee, elle, s'assit à l'ombre d'un chêne et contempla le ciel. Elle ne quitta son havre de paix qu'à la nuit tombée.




Mist


Le nuit avait déposée son obscur voile sur les hauts monts de Cimmérie. Elle ne pouvait le voir, mais le froid se faisant de plus en plus mordant ne l'y trompait pas. Néanmoins, elle n'aurait pu dire depuis combien de temps elle se trouvait là. Sa notion des jours, du temps lui-même, s'émoussait petit à petit, comme un brasier qui se consumerait jusqu'à ne plus devenir qu'un amas de braises, puis de cendres.
Tiraillée par d'innombrables questions et remords, Mist songeait encore à ce qu'elle venait de perdre certainement à jamais. Certes, elle savait au plus profond d'elle même qu'elle n'était rien sinon un monstre odieux, que son seul talent - si t'en est qu'elle en eut un - fut de manier l'épée comme elle le faisait, mais ces tristes pensées n'égalaient pas à moitié la douleur qui la rongeait en songeant que jamais plus elle ne reverrait les siens. Ce n'était pas chose facile que d'oublier. Pourtant, elle l'aurait souhaitée. Oui, elle voulut de tout son être que ses souvenirs s’effacèrent, que le sentiment que lui causait cette perte s'évanouisse avec eux. Mais rien n'y fit.
- Condamnée à une éternité de regrets amères et de douce mélancolie. Qu'elle glorieuse destinée est-ce là ! Puis-je même encore me clamer "Mist", née Aeva Tåge Sølvøje, Fille de Brevand Orkan Sølvøje et survivante du Clan des Ulven på Søen Brød ? Je crains que non. Je ne suis plus que l'anonyme fille d'Honi le Maudit, semeur de Mort immortel, à qui je dois inexorablement succéder.
Elle se replongea dans le silence. A quoi bon déclamer tout haut ce qu'elle n'a eut de cesse de se répéter en son fort intérieur depuis bien longtemps ? Elle laissait volontiers qui le voulut l'appeler "Folle", mais n'acceptait en aucun cas de songer elle-même l'être.
C'est pourtant bien ce que tu es.
Doucement, Mist releva les yeux. Face à elle, la muette se tenait debout, à demi masquée par l'obscurité, mains jointes et plaquées contre sa robe. Ses yeux la fixait avec cette même lueur de fourberie qu'elle avait pu observer durant leurs derniers rencontres. Elles se sourirent l'une à l'autre.
- Et bien ! Qu'il est agréable de revoir le visage d'une traître si proche de ma lame et si loin des ruelles sablonneuses de Khémi ! Quel dommage que tu ne sois qu'une illusion de plus, j'aurais adorée pouvoir te trancher la gorge en ces lieux. La boucle n'en aurait été que plus ironiquement bouclée.
Tes sarcasmes ne perdent nullement de leur saveur, même en pareilles circonstances.
- Tu m'en vois ravie. Maintenant, hors de ma vue ! Quitte à voir défiler de vieux démons pour des siècles encore, j'ai eut nombre d'adversaires qu'il me déplairait moins de pourfendre à nouveau. Pour m'accorder ce même plaisir avec toi, très chère, j'attendrais de t'éventrer dans la plus cruelle des réalités et de laisser pourrir ta tête sur un pieux.
Un petit rire qui s'éleva.
Comme tu voudras.
Et son corps se disloqua, ne laissant pour seule trace de sa présence que les volutes d'une sombre fumée que Mist commençait à connaitre. Cependant, elle ne disparut pas comme dans les voutes du tombeau comme ce fut le cas pour la dernière illusion qu'elle dissipa. Au lieux de ça, celle-ci parcourut la salle, serpentant dans l'air comme une vipère à l'affut d'une proie de choix, avant de former de nouveau traits dans les ténèbres. Les yeux écarquillés par l'émotion qui lui déchirait le cœur, les doigts se resserrant en deux poings tremblant de rage, elle reconnut sans mal l'homme qui la gratifia d'un sourire complice que seul de vieux camarades purent s'échanger. L'ancien roi Leolidas Azura s'avançait vers elle. Des larmes gelées roulèrent sur les joues de la jeune femme alors qu'elle se redressait brusquement.
- Tu n'as pas le droit ! Hurla-t-elle, Pas ça ! Pas eux !
Sa voix se brisa comme se brise les vagues contre rochers et falaises. Elle se maudit de n'avoir songer à ce que ne se présente à elle ceux qu'elle avait jadis tentée de protéger et non de tuer. Elle avait acceptée, non sans s'écorcher le cœur, de devoir plonger sa lame dans le corps du reflet de Jahynzar la première fois qu'elle eut à affronter les ombres de son esprits en lambeaux, mais ne serait-ce que de penser qu'il lui fallait de nouveaux affronter un être qui avait compté à ses yeux lui était insupportable. Elle devait néanmoins le faire. Elle ne pouvait pas se laisser sombrer dans la folie. Quoi qu'il en coûte. Quelque fut la douleur. Alors, à nouveau elle empoigna Rødsne et en brandit la pointe en direction de son vieil ami.
- Pardon Léo, murmura-t-elle dans un un souffle.
La lame fendit l'air glacial en une courbe parfaite, fauchant sur son passage le corps du Cimmérien. Son corps céda place à la fumée noire qui se mit à tourbillonner autour d'elle avec férocité. Dans cette obscure ouragan, cents voix s'élevèrent, de timbres divers, appartenant à autant d'hommes que de femmes ou d'enfants, certaines hurlant, d'autres chuchotant, mais toutes résonnaient dans son esprit en un sourd martellement. Une main sur sa tempe, l'autre serrant plus fort que jamais la garde de son épée, elle luttait de tout son être contre ses assaillants. Le hurlement qu'elle poussa en tombant à genoux déchira les ténèbres dans la douleur la submergée. Il lui semblait que chacun de ses os se brisaient un par un, que ces voix - toutes emportées maintenant dans un éclat de rire inhumain - se plantaient au plus profond de sa chair tels des poignards. Et soudain, tout cessa. Seul une voix subsista.
- Ainsi, voilà à quoi tu es réduite ? Pauvre enfant. Triste abomination.
Mist n'eut pas besoin de relever les yeux. Cette voix là, bien qu'elle ne l'eut entendu depuis ce qui lui semblait être une éternité, elle ne la connaissait que trop bien. Souvent elle l'avait faite résonner dans son esprit d'elle-même, de manière à ne jamais l'oublier.
- Le tableau n'aurait pu être complet sans toi. Sotte ai-je étée d'avoir crue qu'on m'épargnerait ta présence.
- Relèves toi et plonge tes yeux dans les miens si ton souhait est de me tenir discours. Je refuse de converser avec une misérable créature à mes pieds.
- Tu es toujours aussi hautaine.
- Et toi toujours aussi pathétique.
Doucement, elle se redressa jusqu'à se dresser face à la femme qui se tenait là, bras croisé sur la poitrine. Elle portait la même robe écarlate que lors de leur dernière rencontre, celle qui lui allait si bien mettant en valeur les courbes alléchantes du corps d'une femme qui se savait belle et qui savait - Ô combien - profiter de cet avantage. Sans l'ombre d'un sourire, Elyne la toisait de son regard d'émeraude. Femme du Seigneur Lewehian, mère qui porta son enfant... Et traitresse de surcroit. Elle la savait partie au coté d'Honi, il y a bien longtemps, après qu'il lui eut promis gloire et royaume à ses pieds, après l'avoir séduite. une colère, mêlée de frustration, s'empara de Mist.
- Épargne moi tes insultes, Elyne. Elles sonnent fausses dans la bouche de celle qui préféra le Maudit à son époux et Seigneur.
- Ô Mist, ce n'est pas aimable de prononcer tel sobriquet à l'encontre de son propre père. Tu ne crois pas ?
- Il n'est pas mon Père !
- Alors pourquoi suis-tu avec un tel dévouement la destinée qu'il souhaitait tant de voir suivre ? Simple plaisir de ta part de te conforter dans ton grotesque héritage ?
Elle laissa s'échapper un léger rire ; Mist, ne sachant que répondre, demeura silencieuse.
- L'absence de mot de ta part est plus éloquente que la plus belle des ballades. Que croyais-tu pitoyable engeance ? Les choses ne changent pas. Quoi que tu es faite, tu n'en demeures pas moins la créature assoiffée de sang qui naquit dans le noir manteau de la nuit par-delà les Terres Sauvages. Tes guenilles remplacées par cette belle armure et tes cheveux ayant pris la teinte de l'onyx ne changent nullement que tu gardes encore l'aspect d'une simple enfant du Nord blessée et tourmentée. Quel progrès as-tu fait ? Ne plus t'abreuver du sang des Hommes ? Allons, petit monstre, tu vois comme moi où aller contre ta propre nature t'as menée. Tu ressens de nouveau la douleur comme le commun des mortels, mais ne peut périr de tes blessures si profondes soient-elles. Tu déploie mille efforts pour ne pas succomber à la fureur que provoque la simple odeur d'un misérable gouttelette de sang, te condamnant inexorablement à la folie. Cela t'a-t-il rendu ton humanité perdue ? Je crains que non.
- Assez !
Et dans un élan de colère, Mist fondit sur son ancienne amie et Hiérophante, plongeant Rødsne au plus profond de ses entrailles.
- Je suis seule maîtresse de ma propre voie !
Mais le corps qu'elle repoussa d'un geste ample ne se changea nullement en fumée. Non. Là, gisant dorénavant sur le sol, la blessure béante tenta du plus sombre des rouges la fine couche de neige gelée. Non ! hurla-t-elle en pensée, Non ! C'est impossible !
Soudain, Mist ouvrit les yeux, haletante, et parcourut la salle d'un regard perdu. Rien. Ni trace sanglante, ni de corps meurtrit. Elle était encore assise sur son trône de givre et pouvait voir son épée face à elle, lame encore fichée dans la pierre. Comme si tout n'avait été qu'illusion. Mais comment en être sure ? Comment savoir si là encore elle n'avait pas sombrée dans un triste pastiche de la réalité ? Elle ne pouvait que douter. Et ce doute qui commença de la consumer, la ramena à une triste vérité : la folie allait la dévorer. Cette simple idée attisa les braise de sa colère.
- Je ne suis pas folle, clama-t-elle en se redressant d'un bond.
Ses yeux se posèrent sur le Masque du Maudit dont les orbites creux semblaient la dévisager.
- C'est toi, n'est-ce pas ? C'est toi qui me cause tout ces tourments !
Elle attrapa l'ornement métallique, le brandissant devant elle avec un air de défi.
- Oui, je suis certaine maintenant que là est ton œuvre. C'est ta manière de m’appeler, de me pousser à t'offrir mon visage et mon être. Ainsi, tu désir me posséder ? Tu souhaite qu'à jamais je t'appartienne ? Pourtant, Honi s'est libéré de toi par le passé. Pourquoi n'en ferais-je pas autant ? Pourquoi ne me serait-il pas possible de dominer le Masque de Domination ? Est-ce là le défi que tu me lance ? Au diable Dieux et Démons ! Nous allons être fixé dans l'instant !
« Danse, danse pour moi
Et je chanterais pour toi »





Adelbert


Le vieil homme remis au messager une missive qu'il avait pris soin d'écrire et de cacheté dans l'heure qui suivit sa sombre découverte. Le jeune Stygien qui lui faisait face plaça le parchemin dans une sacoche de cuir tanné et sans un mot de plus, monta avec agilité sur son cheval au pelage beige. Il l'accompagna jusqu'aux portes du Village du Nord que les gardes avaient ouvertes en suivant ses ordres. Arrivés à l’extérieur des remparts, Adelbert lui tint malgré tout quelques mots.
- C'est une mission d'une extrême importance que je te confis là, mon jeune ami. Je t'accorde là mon entière confiance, veille à accomplir cette tâche comme si ta propre vie dépendait de la remise de cette lettre aux Dames Thesis et Jahynzar.
Malgré son jeune age, le cavalier ne prit pas, ne serait-ce qu'un instant, les dires du vieil homme autrement qu'avec le plus grand sérieux. Il ne le connaissait pas personnellement, mais quand on venait à naître dans l'enceinte du Village du Nord, impossible était de ne pas connaître les maîtres des lieux. Aucun Main Noire ne saurait plaisanter de la sorte. Pas en affichant tel masque de gravité à ses traits.
- N'ayez craintes Messir, je remettrais votre lettre entre les mains de nos Maîtresses et à nul autre. Personne ne saurait m’empêcher de m’acquitter de cette mission.
Tant de courage adoucit les traits du vieillard, qui le gratifia d'un sourire ravis.
- Je n'en ai jamais douté. Tu as un cœur de grande noblesse. Et maintenant, va je te pris. La route reste longue et je ne t'ai que trop longtemps retenu ici. Reviens-nous vite, et en vie par les Dieux !
Sans rien ajouté d'autre qu'un sourire plein de gratitude pour le vieux Sage, le jeune cavalier talonna les flancs de sa monture des talons et s'élança au galop à travers les entiers des marais du Lotus Pourpre. Adelbert attendit de perdre le messager de vu avant s'en retourner au village, les portes se refermant sur ses pas. Il repensa un moment aux mots que sa plume avait tracée sur un parchemin jauni et qu'il avait, comme bien d'autres choses, mémorisé à jamais.


Dame Thesis, Dame Jahynzar,
Il m'incombe de vous apprendre une triste nouvelle puisqu'étant celui qui la découvrit : Mist, ma nièce, votre amie, est partie. Vous songerez, je le sais, qu'il n'y a là rien d'inquiétant. Fréquents sont ses voyages, nous le savons tous. Mais, je ne vous aurais pas importuné de la sorte sans raison valable. Prit d'une inquiétude inexpliquée, je me suis rendue dans les quartiers du Général Kairo malgré les ordres qui furent de ne point y pénétrer. J'espère qu'au vu de l'annonce qui suivra vous me pardonnerez d'être ainsi passé outre les ordres donnés. Sachez mesdames, que Mist n'est pas partie seule cette fois et je crains qu'elle n'ait nulle envie de revenir. Elle a quittée le Village du Nord avec entre ses mains le Masque du Maudit, n'ayant laissé aucune indication précise d'où elle se rendait de la sorte. J'ai néanmoins joint la lettre qu'elle m'avait laissée à cette missive, afin que vous puissiez toutes deux lire ses mots.
Je ne transmettrais qu'une seule de choses qu'elle y écrivit : Unnskyld. Et j'ai su jadis que ce mot signifiait "Pardon" dans sa langue natale.


Adelbert
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