Je m'appele Herias
ceci n'est que le début de mon histoire...
Un grand camp de Stygiens s’était approché du village, venant du Sud les froides plaines glacées de Cimmeria ne semblait pas les incommoder.
D’Epeire je me souviens, nous jouions cote à cote, nous enfants avons ris et glissé sur les pentes verdoyantes du Vanaheim, parfois mon corps se mêlant au sien en toute innocence, et elle me repoussait vite, dans nos roulades folles je ne pouvais que l’effleurer, elle avait horreur du contact humain.
En quelques mois pourtant, J’ai appris sa langue et elle a appris la mienne, nous nous sommes baignés nus dans la même rivière glacée pour surprendre un poisson stupéfait que nous le relâchions si vite, nous avons passé des nuits dans les ronces à guetter le gibier agile, la vie s’écoulait, avec la certitude facile de maitriser les choses, comme du sable dans ta main qui s’écoule moins vite quand tu serres ton poing.
Elle m’avait promis a un grand destin de mage-guerrier, et je lui avais juré fidélité comme tous les enfants peuvent le faire a une fiancée de leur âge, fier de l’avoir a coté de moi j’apprenais des sorts incertains et pensais que la vie ce n’était que cela une tribu, un village, une famille.
Le reste est pitoyable,
Un jour sur une crête nous avons vu un éclaireur d’Atzel, nous avons vite compris, alors notre chef a donné l’ordre aux nomades Stygiens de fuir avec quelques vivres, le village s’est vite activé, on a cassé la longe qui retenait nos chevaux qui se sont enfuis avec tout le bétail dans un vacarme assourdissant , on a brulé nos huttes, on a embrassé nos femmes du clan Bremh algoord, mon père a retenu ma main en me disant «ton moment viendras fils vas t’ en aide ta mère et tes sœurs »
C’était un long jour de septembre ou le soleil ruisselait comme une promesse de vie future, pendant que je fuyais j’entendais une galopade sourde, nous tirions nos ânes chargés comme aucun fou n’aurais chargé un âne, puis nous entendîmes un galop sourd et des cris des braillements mêlés a de lourds sons de métal, ne pas se retourner et j’ai fuis, cherchant a me cacher, soudain j’ai vu ce cavalier semblant sortir de l’enfer dont la massue a effleuré mon crane me laissant pour mort.
Le lendemain, c’était les mêmes sons que d’habitude un rouge gorge pepitait sa joie de vivre, en haut de la branche d’un chêne finissant de se consumer, j’entendais l’eau douce de la petite rivière qui coulait, je m’étirais sortant de mon inconscient sommeil, plein de vigueur et d’envies encore une nouvelle journée qui arrive, quand j’ai réalisé
Il y avait de la fumée éparse, un silence étonnant, en bas dans la vallée tout était en cendres, tremblant, grelottant je songeais à utiliser quelques sorts mal appris pour redonner de la force a mes jambes, ce n’est qu’a la tombée du jour je me suis décidé à aller voir.
J’ai dévalé la pente comme un fou en pensant a tout ce bonheur perdu, parmi les corbeaux et les rats déjà présents, je n’étais pas le dernier à me vautrer dans cet amas de chairs en combustion ou de morceaux humains…j’ai trébuché plusieurs fois me couvrant d’immondices que peuvent laisser les morts a la seconde ou ils vont mourir, je me croyait en enfer dans le pire des cloaques et cela ne m’importait pas, j’agrippais le moindre petit visage la moindre silhouette frêle jusqu'à la fin du jour, mais elle n’était pas là, dans ma toute mon angoisse folle elle n’était pas la, parmi ces cadavres je ne la voyais pas c’était déjà un réconfort..